LE PALAIS DES DEVIANTS

Aux portes d'Everville...la brûlure s'estompa peu à peu.L'intense frisson qu'elle m'avait procuré réveilla d’un coup les fibres les plus profondes de mon corps.Bien calé dans mon canapé, mais le ventre à vif, je contemplais l'ambre voluptueux et cristallin de mon whisky. Une douce chaleur montait en moi et engourdissait lentement mon esprit.Les yeux mi-clos, j'étais bien.Ma respiration lente et régulière se désordonna soudain lorsque ma femme passa devant moi pour prendre son paquet de clopes sur la table basse.La quarantaine approchante, elle avait un charme brute, suave et viscéral. Pas une de ces poupées Barbie facilement embobinée en sortie de boîte, avec un resto et un jean Diesel. Pas un de ces frêles morceaux de chair trop fraîche sentant la vanille pop et la branleuse à plein nez, et qui s'essuie son petit cul épilé élevé en plein air de Neuilly avec un billet de 50.Non, rien à voir.En se penchant vers la table, elle me dévoilait ses cuisses pleines et accueillantes à peine couvertes par sa robe courte et serrée.Un pur bonheur de sensualité érotique.Le temps ce figea. J'imaginais quel string elle avait pu mettre ce soir, couronnant sa croupe sublime mais protégeant bien mal son fruit délicieux et défendu.Elle se redressa, féline, me scruta en soufflant lentement une volute de fumée bleuté. Son œil fauve, était complice, elle s'avait exactement ce qui ce tramait dans mon esprit. Elle en jouait, avec une certaine satisfaction.Laissant le jeu du désir opérer, elle restait là, debout, savourant chacune de ses taffes.Son visage aux petites rides naissantes avait les traits crayonné par les saveurs épicées de l'Algérie et cuivré par les couchants dans les jardins d'oliviers d'Italie. Sa longue chevelure bouclée et parfumée au caramel avait l'attirance d'une cascade sucrée.Mon pénis décida alors de ce révolter haut et fort contre mon pantalon qui l'emprisonnait.Corinne se mit à sourire comme un prédateur ayant aperçu une proie blessée et écrasa négligemment son mégot.Elle s'avança de sa démarche de chatte, jouant des arabesques avec ses pieds nus aux ongles vernis sur la moquette épaisse.J'avalait d'une traite le reste de mon verre et failli m'étouffer avec l'alcool décidément trop fort."Tu sais que c'est ce soir qu'il faut honorer ta tendre femme mon petit mari adoré..." "Car ce soir, les astres sont propices" souffla-t-elle."je… je crois que je suis prêt au grand voyage..." répondis-je maladroitement.Elle s'approcha, sourire en coin, se plaça à califourchon sur moi en relevant complètement sa robe noire, et plongea littéralement sa langue dans ma bouche.Je caressais ses cuisses si douces et mes mains avides explorèrent les collines soyeuses de ses hanches. Mes doigts se rétractèrent comme des serres sur ses fesses souples et sublimes, vaine tentative de coup d'état contre l'implacable domination sensuelle dont j'étais victime.Elle me repoussa fermement au fond du dossier, ses yeux rapaces ciblaient mon torse pendant que ses griffes arrachaient ma chemise. Un rictus de satisfaction sur ses lèvres dont le rouge impeccable mélangé à la salive avait débordé en petites traînées sur ses joues.L'instant suivant ses dents se plantèrent dans mes tétons, occasionnant une fulgurante décharge électrique dans mon ventre. Tétanisé, paralysé et subjugué, je cherchais de l'air.Sa langue serpentine et humide appliqua une danse agile et réparatrice sur mes tétons meurtris. Un délice au delà de tous soupçons.Le supplice sembla durer une éternité, après quoi, elle butina méthodiquement chaque centimètres de mon ventre, égarant quelques morsures stimulantes. Mes oreilles bourdonnaient, mes mains s'enlisaient dans ses cheveux, mon souffle pulsait court et rauque.Tous mes muscles furent tendus aux limites de l'insoutenable quand d’un coup ses mains affamées saisirent ma verge en pleine puissance. Véritable sceptre magique détenant l'intégralité de mon pouvoir, elle palpitait, les veines saillantes, le méat salivant d’avance d’être conquise.Corinne observait mon artefact avec certaine dévotion, étudiait ses lignes, parcourait de l’ongle cette colonne sacrée avec des effleurements précis, depuis la base de mon gland gorgé de sang chaud jusqu'à la lisière sensible de mes testicules pleines. Elle l'embrassa avec révérence et y déposa un peu de salive du bout de la langue soyeuse. Puis, satisfaite, elle remonta sur moi et écarta brutalement son string de dentelle noire. j'allais émettre mon souhait de goûter à son fruit délicieux et mûre, mais elle abaissa d'un seul coup son bassin, stoppant net toute rhétorique.Son vagin trempé avala mon membre avec une précision sidérante… Entièrement et goulument…Sans contestation possible…Nos corps soudés et immobiles. Guettant le moindre frisson. Une braise intense chauffait l’air autour de nos ventres. Pas un mouvement… Rien.Une goutte de sueur dévala ma tempe et s'écrasa sur son sein sorti de la robe retroussée.Elle, perdue dans les limbes du plaisir, reprit sa respiration, une brise tiède caressant mon coup.Le répit fut pourtant de courte durée car mon amour entama un lent et profond va et viens, coulissant sa vulve délicieuse et dégoulinante de cyprine sucrée. La tension montant d’un cran et passait à l’extrême, ma verge concentrant toute ma puissance magique était devenue le centre du monde, de l'univers entier.Une mélodie étrange remplissait maintenant l'air pourtant déjà saturé de nos effluves sexuelles. Encore plus vite et plus fort, la cadence inexorable vers la jouissance s‘accéléra, Corinne étouffant de plaisir cherchait son air elle aussi.C’est alors que les murs s'effondrèrent, basculant les lois de la physique.La mélodie spasmodique et irréelle mutât en une cacophonie rituelle, nos corps fondaient littéralement sous la température infernale, le désir escaladait les dernières marches de l'apothéose. Encore plus fort, ma femme ce décala un peu sur le coté pour que mon pénis au bord de la rupture, pilonne comme un fou et jusqu'au moindre millimètre son vagin distendu.L'approche finale… la clé occulte qui allait ouvrir la serrure sacrée… Le profane ce transcendait en initié, l'ésotérique ouvrait ses portes, les féeries arrivaient de toutes part dans un halo de scintillement magiques autour de nous, l'air sentait l'ozone, la réalité se déchirait…Encore un peu…L’issue restait incertaine…Oui…Presque...Ne pas faillir…OUI !!!!Tout devint blanc…Silencieux et blanc.La glande mystique de notre cortex avait libéré sa dose d'endomorphine qui s'écoulait délicieusement dans notre cerveau, anesthésiant tout sur son passage.Puis lentement nous nous envolions. Une ascension vertigineuse…Hystérique. Nos corps n'étaient plus qu'un mélange curieux et post-réaliste, au cœur duquel ma verge déversa l'équation mystique.Ma semence était le code d’accès ultime entre l'univers réel transcendé et l’autre monde, la symétrie occulte retenue par la serrure vaginale visqueuse et apaisante de mon amour.Les deux mondes ouvrirent leurs portes d’éther, déversant les flux magiques qui firent l’amour comme des bêtes, magnifiques et obscènes.Le son et l'image revinrent...Il fait nuit.Nus, les pieds dans une herbe humide, ondulante et vivante, le toit du monde se dressait au dessus de nous, mais en dessous aussi.Les féeries qui avaient rassasié leur voyeurisme, dansaient et chantaient dans l‘air étrangement parfumé.Devant nous un sentier légèrement phosphorescent traversait la forêt des murmures aux arbres dominateurs et grimaçants.Le temps allait à contre courant. De l'autre coté du pendule de Foucault, nos corps humains s’extasiaient, quelques secondes de sublime pour eux, et de longues heures de notre coté afin d’accomplir notre quête éternelle.Corinne me serra la main et m'embrassa tendrement, enjouée."Nous avons réussi mon amour""Nous sommes de l'autre coté""oui" souriais-je simplement, épuisé et perdu.Au fond de moi un vide glacial m'empêchait de savourer complètement notre réussite. Car nous étions désormais au portes d'Everville.La citée de l'intemporel, de l’inexistant. L'antre des réfugiés maudits.L'urinoir des enfers.Au cœur d'Everville l’hérétique siégeait le palais des déviants.L'objet de notre quête.Ce lieux de débauche cosmique était la solution mathématico-rituelle de nos origines.La réponse à notre mal être.Notre maison d'enfance, nos parents. Main dans la main, nus sans défense comme avant accident de "la pomme", nous arpentions le sentier du repenti menant aux portes cyclopéennes d'Everville...Le refuge de ceux dont même l'abîme ne veut pas...Sur le bas coté, gisaient nos déguisements de peau humaine.

le prêtre me regarda fixement, ne sachant pas s'il devait exploser de rire ou fondre en larmes. du haut de ses 50 ans de prières et du bas de ses 33 vices, rien ne l'avait préparé à moi. Rien.[pas même ces putains de métastases qui saturent son corps pourrissant] je fermais les yeux quelques instants pour reprendre le contrôle sur cette voix intérieur...[tu déconnes vieux, tu te parles tout seul comme ces glandeurs de cas sociaux au pied de ton immeuble] le regard du saint homme [qui baise les gosses du collège] se perdit un instant sur ses chaussures trop propres. puis fit le tour du confessionnal en prenant soin d'éviter le mien. Un silence de plomb.une odeur douçâtre de cire d'abeilles. L’écho d'un pèlerin retournant sur les sentiers de la perdition. Le silence encore.une profonde inspiration, je me redresse et lèche amoureusement mon scalpel. J’aime son contact viril et amer. Aseptisé.pur.pur comme le fut cette âme trop souillée que je dois absoudre.la libérer. Mettre fin à cette existence de calvaire.de captivité. D’étouffement.de pleurs.de visions éphémères de LA réalité cosmique.je déboutonne ma chemise parfumée pour me mettre à l'aise. Bien, je suis prêt.les traces de ma salive déformes étrangement le reflet que me renvoi la lame du scalpel.je sens l'odeur de la peur...[ce fils de pute prie son dieu eunuque comme pas possible] je sens son regard braqué sur moi comme un flingue...[humm, le doux fumet de la mort, l'appel au parlement des mouches] MAINTENANT !la lame plongea dans la chaire comme les griffes d'un chat.tel l'outil d'un artiste elle virevolta gracieusement entre les os et les entrailles. la douleur n'est plus. Le prêtre ne peut que pleurer. Comme un enfant.je voudrais lui faire un câlin, mais l'odeur dégueulasse des intestins farcis de merde me tourne la tête. le maestro doit poursuivre son balai enchanté avec son scalpel magique.[découpe, découpe...][tranche, tranche...]la rédemption ouvre ce petit cœur d'enfant souillé...[souillé, comme une capote pleine de foutre de tous les pervers du monde] un état d'extase absolu m'emporte, me transcende.les cris du prêtre m'enivrent, sa peur branle mon âme comme une folle. Un dernier jet puissant, fulgurant...j'en suffoque tellement c'est bon.une agréable torpeur anesthésie tout mon être. L’opérette sanglante achève son final extatique. Tout est blanc. Le prêtre tombe lourdement a genoux, le regard idiot.mon esprit décolle enfin, je vole vers la vraie vie.Je peut enfin lire l'équation rituelle aux millions d'inconnues. Puis tout ce brouille, c'est étrange.[Ehh, cet enculé tente de remettre tes boyaux en place! Quel con, il gâche tout] je suis le vent, la lumière et l'arc en ciel après une pluie de sang.je suis amour, brillance et espoire.je suis "moi".je suis tous les "moi".je suis libre.je lâche les ancres de ma condition humaine.je suis dieu.mes membres mutilés forment une drôle de géométrie ésotérique, ou érotique. Le prêtre mélange ses larmes et sa pisse à mon sang.il tente désespérément de reconstituer mon puzzle poisseux.ma tête trône sur mon amas de chaire frissonnante. une œuvre d'art ultime que le saint homme n'oubliera pas lorsqu'il sera prit d'une violente érection durant le cathéchisme.il sait désormais ce qu'est la rédemption, s'il veut saisir le royaume du grand pardonneur.libre.je peux enfin ouvrir la porte de mes rêves, retrouver ma grand mère et ses crèpes, mon chien capricieux, mes vieux jouets réparés......et plus que tout......retrouver ce petit garçon bouclé et souriant que j'étais. Avant...avant que l'on dévore la pomme...avant les mouches...avant les larmes.

c'est froid contre ma joue...
ma respiration est automatique, symptomatique, psychédélique...
une lueur trop claire pour mes yeux mi-clos...
ma langue est engourdie et amer...
je ne sens plus mes membres, ils sont partis prendre l'air...
mon cerveau calcul à une vitesse vertigineuse, presque inhumaine, je suis inhumain...
le temps passe, mais passe t-il vraiment ?...
un frisson épileptique décolle ma joue du carrelage glacé du sol, le sang chaud me fait du bien...
le sang ?
...oui, c'est bien du sang, épais et confortable qui cajole ma joue...
un vrombissement sucré...
le silence...
encore ce vrombissement mais il est maintenant aigre douce...
comme mon vomi mélangé à mon sang saturé de sucreries de minuit...
le cafard s'approche de mon nez et le chatouille de ses antennes phaliques...
de mes yeux mi-clos éblouis, je le vois se vautrer dans ma vie qui s'échappe lentement...
comment ais je pu en arrivé là ?...
j'ai peur...
maman...
MAMAN !!!
....des vrombissements orgiaques....
"ta putain de maman ne viendra pas te consoler cette fois" me dit le cafard...
"je lui ais bouffé les overs, ces saloperies qui t'ont pondues" ajoute t-il...
l'odorat me revient...
j'aurais préféré le contraire en reniflant l'odeur ocre de mes entrailles répandues sur ce carrelage si blanc, si froid...
des centaines de cafards grouillent maintenant entre les montagnes russes de mes intestins...
ces enfoirés pompent mon sang sucré à la dope et ce branlent les antennes...
21 grammes...
mon âme pèse 21 putains de grammes...
ce film B racontait des conneries...
je vais mourir, mon corps sera bouffé puis chié, "c'est la vie" me répond télépathiquement le cafard...
soudain, c'est l'agitation, l'effervescence dans mes restes putrides, les cafards se cachent bien au chaud dans mes veines vides...
le parlement des mouches arrive...
elles sont là, virvoletant comme des enfants auprès d'un marchand de bonbon...
"le miel de ton âme elles veulent" chuchote le cafard à travers mon poumon...
les mouches ont mis leurs ray-ban et se posent sur mon visage...
j'arrive à déglutir mais ma salive se répand sur le sol...
"ne t'inquiètes pas, nous sommes là pour sauver ton âme" me dit l'essain...
l'une d'elle joue du saxo...
une autre pompe mes larmes...
une autre encore verse sa cyprine chaude dans mon sang qui coagule...
"allez viens, le publique attend, dépêches toi de crever"...
Et puis les mouches plantent leur trompes dans mon cerveau et aspirent l'impulsion électro-dopée que j'appel ma vie...
le noir...
la peur...
maman n'est toujours pas là...
je voudrais poser ma tête sur son sein et dormir...
je suis éparpillé, disséqué, savouré...
les mouches arrivent sur scène, dieu est au premier rang...
mon cadavre au dernier...
une musique déconstituée stimule le parlement des mouches...
elles entament une orgie lesbienne...
se dévorent fiévreusement ensuite...
une furie cannibale et enchantée...
des dizaines de petites pattes jonchent le parquet ciré de la scène...
je suis en suspension délétère...
21 grammes de trop selon newton...
car je tombe, je ris, mais je tombe encore...
une bouffée d'air intense...
je me réveille vivant et anonyme dans le publique...
j'applaudis mais scène est vide est dieu c'est fait la malle encore une fois...
juste avant la fin.

dehors c'est la nuit et la pluie...
des enfants joyeux et bouclés me tendent les mains en rigolant...
ils portent de drôles de masques blancs, immaculés...
je fouille mes poches et leur donne ma dernière poignée de sucreries de minuit...
allez...
allez petits morceaux de chaire périmée...
allez, et goinfrez vous, le parlement des mouches vous attend...
il vous sent...il salive votre innocence...
riez, criez, mangez...
avant les cafards...
avant les mouches...
échappez vous de cette vie...
avant qu'elle ne vous prenne.